Les Mansaré

L’histoire des Mansaré

Mansare et Keita sont de même famille. Les Keita sont de famille royale depuis le règne de Soundiata, grand roi mandingue du 13eme siècle. Face à la terreur de Soumaoro Kante le frère ainé de Sundiata Keita Dankaran Touma quitta le Mande pour s’installer à Kissidougou. Pour désigner ses descendants la population Kissi s’exclamait « le roi ! le roi ! » soit en maninka « mansa le ! mansa le » ainsi les Keita de Kissidougou ont donné le nom patronymique Mansare. (Konate = Keita = Mansare = Dounoh).

Le nom de la ville de Kissidugu porte encore la trace de cette histoire : « kissi » signifie « survie » et « dugu » la terre, le pays. Pour Dankaran Touma Kissidugu aura était une terre d’accueil qui lui a permis de survivre.

A l’époque de la conquête coloniale ( 19 ème siècle) Kisi Kaba Keita, descendant de Dankaran Touma, était le chef de la région de Kissidugu. Il était accompagné d’un orchestre de musique traditionnelle dans lequel figurés deux flûtistes Mamadi et Tambou Mansare.

Voici l’histoire de Mamadi Mansare. La flûte lui a sauvé la vie. Ses enfants et petits enfants ont perpétué son art, les emmenant loin des frontières de la Guinée.

Mamady Mansaré

Mamady Mansare était d’origine paternelle Kisi et Kouranko par sa mère. Alors qu’il n’était pas encore circoncis (vers 18 ans parfois) et qu’il subissait les railleries familiales et villageoises il décida de partir dans la famille de sa mère en pays kouranko. C’est à cette occasion qu’il découvrit la flûte qu’il commença son apprentissage avec ses nouveaux amis d’âge. Ceux-ci pratiquaient la flûte de manière courante ce qui n’était rarement le cas en pays kisi. Ses amis lui donnèrent quelques notions. Ils plaçaient leurs doigts sur la flûte comme les peuls (un doigt avec la main gauche et deux doigts de la main droite).

Après la cérémonie de circoncision il revint dans son village natal avec la flûte dans ses bagages. Il était alors le seul à jouer la flûte, il introduisit cet instrument dans sa région.

En pratiquant il était parvenu à créer une prise en main spéciale que l’on retrouve encore aujourd’hui uniquement avec les flûtistes Mansare : il tient sa flûte avec deux doigts de la main gauche (l’indexe et l’annulaire) sur les deux trous du haut et un doigt de la main droite (l’index) sur le trous du bas. Il créa cette prise semble-t-il pour se forcer à travailler les doigter de la main gauche (travaillant ainsi son point faible) et pour être plus libre avec sa main droite. Puis il commença à apprendre la flûte à certains de ses amis, notamment à Tambou.

MamadyMansare

Il y eut ainsi de nombreux flûtistes dans son village. Des flûtistes kouranko venaient parfois leur rendre visite.

Pendant la conquête de Samori Toure (fin 19ème ) qui combattait non seulement les envahisseurs mais également les populations africaines qui collaboraient, Mamadi Mansare fut pris par ses « sofa » (guerriers). Samori faisait couper la tête de ses captifs sur une grande place. Mamadi Mansare faisait partie du groupe de ces captifs qui devaient être décapités mais lorsque vint son tour on remarqua un petit sac en peau qu’il portait au dos. On lui demanda donc de sortir ce qu’il contenait : il y sortie sa flûte et on lui demanda de jouer. Il fut ainsi conduit chez Samori qui apprécia son art. Il fut ainsi sauvé et prit comme élément de Samori.

Après la mort de Samori Toure (déportation vers 1900) il revint à Kisidugu durant la période de colonisation. Il joua alors pour l’orchestre de Kisi Kaba Keita, chef du Faramayah. C’est à ce moment qu’il créa en hommage à son chef « la voie sacrée ». Il mêla à la mélodie des imitations de chants d’oiseaux (perdrix..). Les chants d’oiseaux est une source d’inspiration pour le flûtiste qui s’exerce et pratiquent brousse.

Lors de réceptions des colons français, Kisi Kaba faisait jouer son orchestre composé de nombreux musiciens dont mamadi et son ami Tambou. Les français ont apprécié leur musique et les ont invité à jouer en France (exposition coloniale ?). Mamadi Mansare reçu des français une flûte en aluminium comparable à la sienne (il est possible de voir cette flûte au Musée Nationale de Guinée).

Mamadi Mansare entretenait un rapport sacrée avec sa flûte. Il faisait de nombreux sacrifices à la flûte.

Agé, il enseigna son art à un de ses derniers fils Mamadi Mansare, son homonyme (qu’on appelera ici Mamady II pour plus de facilité).

Mamadi II Mansare

Si le destin de Mamady Mansare était intimement lié au contexte de colonisation celui de son fils sera marqué par le temps des indépendances. De son vrai nom Tambou (homonyme de l’ami de son père) il répondait au nom de son père après sa mort (mamady) comme cela se faisait parfois. Mamady II Mansare sera dès 1961 le premier flûtiste des Ballets Africains de la République de Guinée avec lequel il voyagera, faisant ainsi découvrir son instrument au monde entier. Il céda sa place à son neveu Mamadi III Mansare en 1988.

Il continua néanmoins à jouer. A travers sa longue carrière d’artiste il a apporté une contribution énorme dans le jeu et la transmission de la flûte mandingue. Il prit part à de projets musicaux intéressants : Matchowé de Momo Wandel, la bande originale du film Djembefola ainsi que l’album Mogobalu de Mamadi Keita.

Il décéda brusquement le mardi 11 mai 1996 dans un accident de moto.

Mamadi III Mansare

Neveu de Mamady II avec qui il se forma à la flûte, dès les années 60 il était au Ballets Africains pour enfin devenir le premier flûtiste en 1988. Il voyagea considérablement avec les Ballets notamment avec les tournées Héritage, Silo,…

Ada-(Ana)-&-Nico-Guinée-Aoû

Il enregistra lui aussi avec Momo Wandel (Afroswing) et Mamady Keita (Mamady Lee) perpétuant ainsi le travail de son oncle, mais également avec de nombreux artistes : Kongbanan Conde, Kelonton Cissoko, Percussion Limanya, Bangourakie… En 2008 il décida de prendre sa retraite des Ballets Africains laissant ainsi la place à son fils.

Mamady IV Mansare

Fils ainé de Mamady III, il s’est formé avec son père et l’oncle de son père. Il intégra rapidement les Ballets Djoliba en 1999 avant de rejoindre les Ballets Africains en 2006 comme stagiaire. Depuis 2009 il est désormais le premier flûtiste. Il a participé au disque Menden Diara de Mamady Keita.

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2 Replies to "Les Mansaré"

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julien  on janvier 30, 2011

merci pour l’histoire…

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admin  on août 22, 2017

mamady mansare IV vit actuellement aux USA etat de Washington DC

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