La flûte
La flûte est souvent considéré comme l’instrument le plus vieux du monde, il en existe dans pratiquement tous les pays du monde sous différentes formes. Les flûtistes de Guinée ont développé un instrument et des techniques de jeu bien spécifiques. Par extension, nous pouvons également retrouver cette flûte au Mali, au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, dans l’ensemble des pays « mandingues ».
La Guinée regroupe deux types de flûte : la « flûte du fouta djallon », jouée par les peuls, et la « flûte mandingue », jouée par les Malinkés (kouranko ,kisi..). La différence se fait principalement au niveau du répertoire musical mais également dans les techniques de jeu et de solo, ainsi que dans la gamme utilisée et les instruments qui l’accompagnent.
L’instrument est sensiblement le même : la flûte peule est généralement plus longue, avec de plus gros trous et plus espacés, la décoration est différente : les Malinkés la recouvre le plus souvent de cuir et de cauris, tandis que les peuls la laisse sans décoration, la recouvre de tissu ou de scotch.
Il est très rare (voir inexistant) d’entendre des flûtistes peuls et malinkés joués ensembles. Cependant certains flûtistes peuls connaissent une partie du répertoire malinké (rarement l’inverse). Pour autant nous pouvons penser que les deux cultures se sont mutuellement influencées. En effet après l’indépendance de la Guinée (2 octobre 1958), la mise en place de l’Ensemble Instrumental National a permis de faire collaborer des musiques issues de culture différente, notamment la musique peule et la musique malinké : des koras et des balafons se mêlaient alors aux flûtes peules et autres violons…
La fabrication
La terre, l’eau, le feu et l’air …
Les quatre éléments naturels sont nécessaires pour obtenir le son sacré de la flûte. La terre et l’eau sont nécessaires pour que le roseau puisse pousser. Le feu permet de percer les différents trous. Enfin l’air, par le souffle, permet d’obtenir le son.
Les flûtistes sont très souvent des facteurs de flûtes (fabricants). La flûte guinéenne est faite d’un roseau qui pousse au bord des marais. Le terme désignant de ce roseau varie selon les langues (malinké, soussou, poular…), on l’appelle généralement tambin.

Roseau
La recherche du roseau est une activité importante pour les flûtistes et parfois éprouvante car il faut aller en brousse dans les zones marécageuses, et cette plante est recouverte d’épaisses épines qui laissent souvent des marques dans la peau. Une fois les plantes coupées et ramenées au « village », il faut les traiter pour en recueillir les précieux rameaux qui serviront pour la fabrication des flûtes. En effet, cette plante peut atteindre plusieurs mètres de hauteur : dans une plante nous pouvons faire plusieurs flûtes.
Les différentes rames qui serviront à la fabrication des flûtes sont encastrés les unes dans les autres. Afin de les séparés plusieurs techniques sont possibles : les Malinkés chauffent la plante au feu et tirent les différents rameaux (opération délicate car le roseau est fragile, il n’est pas encore sec), les Peuls préfèrent parfois laisser sécher durant plusieurs semaines la plante (en séchant les différentes parties vont se désolidariser).
Il s’agit ensuite de couper le roseau à la bonne taille : la longueur est un des paramètre qui déterminera la gamme obtenue. On bouche le roseau du côté le plus large à l’aide d’un bout de calebasse (fruit) et de cire d’abeille, ce qui permet de guider le souffle et facilite l’obtention du son (au contraire des flûtes traversières européennes). Puis on perce les trous (3 trous) à l’aide d’un tige en métal chauffée ou d’une simple brindille de bois (chauffée). Viens ensuite l’étape de la décoration.
Il ne reste plus qu’à souffler.

Village en guinée
La difficulté majeure dans la facture de la flûte est d’obtenir la gamme que l’on souhaite, pour jouer par exemple avec un balafon, une kora ou tout instrument mélodique.
La flûte guinéenne, qu’elle soit malinké ou peule, se caractérise par une technique de jeu spécifique : on joue parfois avec la gorge. Lorsqu’on souffle une note les cordes vocales vibrent afin d’obtenir la même note. Le son cumulé de la flûte et de la gorge donne un effet spectaculaire. Cette technique permet aux flûtistes de véritablement parler dans leur flûte : les Malinkés peuvent parler en utilisant les mêmes intonations que les louanges des griots. Parfois des mots s’échappent sans que la note soit soufflée. On peut alors clairement comprendre la signification.
5 Replies to "La flûte"
Jalal on janvier 10, 2009
c’est très rich d’infos sur la flute Tambin;
Merci encore
Dramane on avril 14, 2009
Bonjour et merci pour ce site. Je suis sincèrement touché. Je suis un amoureux de la flûte et je trouve ce site vraiment formidable. Encore merci et bonne continuation.
Lilian on avril 20, 2009
Merci de faire partager
ton goût et ton savoir pour la culture Mandingue.
Daoud on février 26, 2010
Superbe travail autour de cet instruments magique… Merci !
stan on décembre 20, 2008
quelle bonheur de voir toutes ces info rassembler clairement dans une page